Minuit. Je me lève silencieusement, descend l'escalier. Un grincement se fait entendre. La troisième marche ! Je l'avais oubliée, celle-là ! Je tends l'oreille. Rien. Je continue doucement de descendre. Une fois arrivé en bas, je pousse la porte qui s'ouvre dans un crissement sonore. Cette fois, une voix s'élève tandis qu'une lumière s'allume à l'étage.

- Jules ! C'est toi ?

Silence. Je recule doucement, me font dans l'ombre, remonte dans ma chambre en évitant soigneusement la troisième marche. Mathis descend, puis remonte. J'attends un certain temps. Une fois sûr qu'il est parti, je redescend, toujours en évitant la marche fatale. Zut ! Il a refermé la porte ! Je la pousse très lentement, tout doucement. Elle produit un léger frottement, à peine audible. Je traverse un couloir, pousse une autre porte, et entre dans l'arrière boutique. J'attrape un couteau bien tranchant, puis le délaisse pour un autre qui l'est encore plus. Une fois mon choix terminé, je sors de la pièce et entre dans la boutique principale. J'avance, circule entre les tables. Ouille ! Le comptoir ! Mais, s'il est là, ça signifie que... Je le suis du bout des doigts. soudain, ils ne touchent plus que du vide. Je calcule. Un mètre plus loin, je sens la porte. Et m... elle est fermée à clé ! Heureusement que Mathis les laisse sur la caisse la nuit ! Je déverrouille la porte et l'entrouvre. Un froid glacial s'engouffre dans la pièce. J'aurais dû penser à emporter un manteau ! Tant pis. Je sors, traverse la rue sous la lumière des lampadaires, et entre avec le double des clés dans la maison d'en face. Je me retrouve dans un vestibule chaleureux. Il fait noir. J'avance. Oups ! J'avais oublié que le bruit des pas résonnait, ici ! Je me précipite sous les manteaux. Une lumière s'allume. Un homme apparaît. Il balaye la pièce avec sa lampe torche.

- Il y a quelqu'un ? demanda-t-il.

Ne voyant personne, il s'en va. Ouf ! Il avait le sommeil léger, celui-là ! En mesurant bien mes pas, cette fois, je traverse le vestibule et ouvre une porte. Je me retrouve enfin devant lui. Il ne bouge pas. Depuis le temps que j'attends de m'emparer de la richesse de mon arrière-grand-père ! Je lève le couteau, puis l'abat dans son cœur. Cet artichaut est mort.

Je suis désolé de vous décevoir, vous vous attendiez sûrement à un vrai meurtre, mais mon arrière-grand-père gardait depuis toujours cet artichaut qui m'avait l'air si délicieux... Et dire que je vais enfin le manger ! Miam !