Chapitre 1 - L'inconnu :

Je me réveille allongée sur un confortable lit. J'ouvre les yeux et découvre que je suis dans une pièce inconnue, seule. Mes draps sont bien repassés et sentent bon. Je me lève. Le bâtiment est silencieux. J'ouvre les volets. Un soleil brillant s'engouffre dans la chambre, m'éblouissant. Une fois mes yeux habitués à la luminosité inattendue, je vais à la porte et l'entrouvre. Je découvre une petite salle décorée seulement par une table carrée, trois chaises et une cheminée, et ne comportant que deux autres portes. Je m'approche du feu, et c'est à ce moment que je me rend compte que je ne suis pas seule : une silhouette noire me tourne le dos, assise face au feu. Une bûche, à l'intérieur de celui-ci, explose, me laissant voir que l'individu a des cheveux blonds mi-longs. Ce ne peut pas être un elfe, il aurait les cheveux bien plus longs que ça. Ce ne peut pas être un gnome ou un nain, il serait plus petit. C'est donc probablement un humain, ou devrai-je dire une humaine, car les mâles de cette espèce laissent rarement pousser leurs cheveux aussi loin. Je toussote. L'individue se retourne, et je comprend qu'elle était accroupie. Elle doit faire à peu près un mètre (elle est environ deux fois moins grande que moi).

- Oh, tu es réveillée ? fait une voix masculine, mais avec un timbre légèrement aigu.
- Je suis où ? T'es qui ? Et t'es quoi, au juste ? je demande, sans la moindre animosité, juste une curiosité grandissante.
- Tu es dans la ville marchande d'Homag, à un kilomètre de là où je t'ai trouvée. Et je te signale que, depuis que je t'ai trouvée évanouie avec une grosse marque de caillou sur le front, tu te ballades avec une rune gravée sur le visage et un caillou qui te tournes autour de la tête.
- Quoi ? je sursaute.

Je lève les yeux et aperçois, effectivement, une forme arrondie qui passe dans mon champ de vision par intermittence. Je l'attrape habilement et essaye de l'éloigner de ma tête, mais, au bout de quelques secondes de lutte silencieuse, la pierre gravée revient avec une force surprenante. Je me protège la tête, mais rien ne vient. La pierre a recommencé sa ronde.

- Pour répondre à ta deuxième question, continue l'étrange personne, je m'appelle Luff, et je suis un halfelin.
- Un ? Alors t'es un gars ?
- Oui, répond Luff en se renfrognant. Et toi, tu es une tieffeline, je crois.
- Ea, grommelai-je, renfrognée à mon tour.
- Pardon, je ne voulais pas te blesser ! Simplement, je n'en avais jamais vu en vrai ! D'ailleurs, tu me parais beaucoup plus sympa que dans les livres !
- Merci, je répond, souriante. Toi aussi, tu m'as l'air sympa ! Dis, pourquoi m'as-tu amenée ici ?
- Eh bien... j'ai besoin de quelqu'un qui pourrait faire peur, dit-il délicatement.
- Et ? fais-je, pas le moins du monde vexée. Pourquoi ?
- Tous les convois transportant des œufs qui partent d'ici n'arrivent jamais à destination. Pareil pour les convois d'une herbe très spéciale, nommée Nativitas Malus, qui ne pousse que dans le grand nord, et qui nous vient de la ville de Pomellish. Nous avons beau attribuer à toutes les caravanes un grand nombre de gardes, ils disparaissent tous. Le maire de la ville m'a demandé de monter une expédition et de trouver, par n'importe quel moyen, la source de ces désagréments. Alors... acceptes-tu cette mission ?
- D'accord. Je suis censée faire quoi ?
- Eh ben... m'aider !
- Et ça consiste en quoi ?
- Je sais pas moi, combattre ?
- Tu es en train de me dire que tu n'as jamais monté d'expédition groupée ?
- Oui...
- Ouh là... et tu sais combattre, au moins ?
- Oui, quand même !
- Ah. Bah pas moi.
- Quoi ? Tu sais pas combattre ?
- Je sais taper, donner des coups de sabots et de bâton, faire des croche-pattes, et une fois, j'ai giflé Madame Delaforge, la proffe d’Éducation Relationnelle Entre Races parce qu'elle avait dit que les tieffelins étaient la seule race qu'on pouvait considérer dans tous les cas comme mauvaise, en partie parce qu'ils n'avaient pas d'ancêtres de leur race.
- Ah... fait Luff qui sourit, sûrement amusé par mon impertinence. Je pense que ça suffit.
- On est censés partir dans combien de temps ?
- Environ une semaine. Je peux t'apprendre à utiliser des armes, si tu veux.
- Oh oui ! La fronde ? Le couteau ?
- Euh... et si on commençai juste avec un bâton ?

J'acquiesce, enthousiasmée par l'idée d'une grande aventure dans laquelle me lancer.

- Viens, commençons dès maintenant !