Nous sommes en cours de maths. S me demande :

- Du coup, tu me passes le texte que tu as fait en perm ?

Je le lui passe. C'est un texte d'une page, qui parle du jugement. S le lit, et me le rend en me félicitant. Niels, assis de l'autre côté de mon meilleur ami, me demande s'il peut le lire. J'acquiesce et le lui passe. Il commence donc à le lire...

... à voix haute !

Étonnée, je lui dit de se taire, je n'ai pas envie de me faire remarquer ! Trop tard. Monsieur Maths l'a vue. Il l'écoute, d'un regard désapprobateur.

- Bien, dit-il. Euh, Niels...

Il s'interrompt.

- Oui monsieur ?
- On est en cours de maths, ici, pas de français. Tu liras ce texte ailleurs.
- D'accord monsieur, réponds Niels de son ton si particulier, un soupçon insolent, en me rendant mon texte.

Monsieur Maths me jauge du regard, avant de dire :

- Bien. Euh, Anaëlle, dans ma commune, il y a un arbre à poèmes pour le printemps des poètes. Si tu veux, j'y mettrai ton texte.

Je suis abasourdie.

- Mais monsieur, ce n'est pas vraiment un poème...
- Tu as quand même fait des rimes, intervient Niels.
- Bien. C'est pas grave, ça peut aussi être un texte, du moment que c'est poétique. Maintenant concentrez-vous !

Et nous retournons à nos exercices. Enfin, je retourne à mes exercices, car mes camarades préfèrent apparemment discuter entre eux.

À la fin du cours, je vais voir Monsieur Maths, cherche des renseignements, signe mon texte avec mon nom d'artiste, le collège où j'étudie et le lien de mon blog. Puis je lui donne ma feuille.


***quelques jours plus tard...***

- Bien, euh, Anaëlle...
- Oui monsieur ?
- La maire de ma commune a trouvé ton texte très joli, et elle te demande si elle peut le mettre dans le journal communal.
- Ah bon ? fais-je, étonné. Bah oui, pourquoi pas...
- Il faudrait que tu me fasses un autorisation écrite, ajoute-t-il.
- D'accord !


***quelques jours plus tard...***

- Tenez monsieur.

Je lui tends un papier sur lequel est écrit officiellement : "Je, sous-signée Anaëlle P., autorise le journal communal du Verger à publier mon texte s'affirmer, signé Anouchka. Qu'est-ce que je me suis amusée en écrivant ça !


***quelques jours plus tard...***

- Bonjour Anaëlle.
- Bonjour monsieur. Vous avez le journal ?

Je crois que ça l'énervait un peu que je lui pose la question tous les jours, mais il répondit :

- Oui, ça y est, je l'ai.

Et il me tend un magnifique journal, format A4. Je l'ouvre à la première page, et là... mon texte. Photocopié.

- On n'a rien changé, tu peux le voir, sauf la petite plume à la fin qu'on a rajoutée.

Il y a un mot au-dessus de mon texte : Le Printemps des poètes s'est achevé, mais permettez-moi de vous proposer la lecture de ce texte écrit par une jeune collégienne et découvrir, au fil des mots, le sens de son propos, qui sera l'édito de ce bulletin. Je n'arrive pas à le croire. J'ai fait l'édito d'un journal. J'AI FAIT L'ÉDITO D'UN JOURNAL ! Je suis si heureuse !

- Tu le montreras à ta professeur de français, je n'ai pas pu en récupérer un autre.
- D'accord, merci beaucoup monsieur !

Résultat : le journal a été lu par mon père, ma mère, mon grand-père, plusieurs surveillants du collège, une professeur de français ou deux, et certainement beaucoup d'autres..